(Paru dans La Voix de l'Est, le 20 novembre 2004)
Alors que le gouvernement entame des consultations sur la politique énergétique du Québec, un document de l’Institut économique de Montréal (IEDM) transmis aujourd’hui à tous les députés de l’Assemblée nationale analyse les coûts de production et les prix de vente de l’électricité et souligne les résultats pervers de la politique énergétique actuelle.
Tarification et surconsommation
L’auteur du document, Paul Daniel Muller, estime que l’actuelle tarification basée sur le coût moyen de production encourage la surconsommation et, compte tenu de l’obligation pour Hydro-Québec d’alimenter tout client établi au Québec, entraîne un surinvestissement en infrastructure de production et de transport.
Le document de l’IEDM insiste également sur les effets néfastes de l’interfinancement sur les économies d’énergie. En vertu de cette politique, le revenu perçu par Hydro-Québec de ses clients résidentiels ne couvre que 82% du coût du service et ce en dépit des hausses tarifaires de 2004. En contrepartie, les autres clients (industries, commerces, institutions) payent des tarifs allant de 115% à 129% du revenu requis pour couvrir les coûts.
«Cette forme de redistribution, écrit M. Muller, n’incite pas les propriétaires d’immeubles à économiser de l’énergie, en installant des thermostats électroniques par exemple. Dévaloriser l’électricité, c’est favoriser la surconsommation».
Exportations plus rentables
M. Muller signale également qu’il serait plus payant pour Hydro-Québec et son actionnaire, le gouvernement du Québec, d’exporter son électricité vers le Nord-Est des États-Unis plutôt que de le vendre à de grands consommateurs industriels à un tarif basé sur le coût moyen.
Le chercheur donne l’exemple de l’aluminerie qu’ouvrira la société Alouette à Sept-Îles en 2005: «En supposant qu’Alouette paie le tarif industriel moyen et qu’Hydro-Québec puisse écouler l’énergie consommée par cette usine sur les marchés hors Québec au prix moyen obtenu en 2003, cela représente un manque à gagner d’environ 188 millions $ chaque année.»
«La société Alouette affirme que son projet aura créé 2500 emplois pendant les trois années de la construction ainsi que 340 emplois permanents par la suite. En définitive, conclut le document de l’IEDM, cela représente donc une subvention implicite à la création d’emplois d’environ 500 000 $ par emploi, par année.»
Paul Daniel Muller est chercheur associé à l'IEDM.
samedi 20 novembre 2004
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