Paru dans Le Devoir le 7 mai 2012.
Le gouvernement, les étudiants, les chefs d’établissement et les syndicats de profs souhaitent tous « sauver » la session d’hiver. Gageons que, peu importe si le conflit se règle ou pas, la session sera « sauvée » pour une simple et mauvaise raison : c’est ce que tous les groupes désirent ! Voyons voir : les étudiants ne veulent pas assumer les conséquences de leurs actes ; les professeurs d’université ne veulent pas rater la saison des colloques internationaux ; les professeurs de cégep ne veulent pas changer leurs plans de vacances ; la ministre de l’Éducation ne veut pas porter l’odieux d’annuler la session ; les administrateurs ne veulent pas se casser la tête à digérer un bouchon de 170 000 étudiants qui engorgera le système pour les deux prochaines années.
Face à tous ces alliés objectifs, personne ne défend la valeur des diplômes décernés par les cégeps et les universités. Tout le monde a intérêt à faire semblant que les professeurs peuvent enseigner (et les étudiants assimiler) la matière d’un cours dans le quart ou le tiers du temps qui est normalement requis. Facile ! Suffit de supprimer les travaux de session et « d’alléger » la matière à examen. À tous ceux qui sont tentés par cette lâcheté, dites-vous une chose : quand les étudiants ayant boycotté leurs cours arriveront à l’université ou devant un employeur un peu exigeant, leurs diplômes fondés sur des cours tronqués seront marqués du sceau du carré rouge.